Mécanismes
Trauma et état du système nerveux
Face à un danger, le système nerveux a une réponse systématique, organisée et hiérachisée.
La première réaction spontanée d’une personne confrontée à un danger est de demander de l’aide. Cette étape d’engagement social (échange de regard, communication, cri, pleur, appel à l’aide, demande de partage) est soutenue par l’activation du système nerveux vagal ventral. A ce niveau, la personne se situe dans la fenêtre de tolérance ou juste en-dehors. Avec l’aide qui survient et lui permet de répondre efficacement au danger, le système nerveux de la personne se régule complètement : c’est la co-régulation. En revanche si aucune communication ni aide ne vient ou n’est accessible, alors s’enclenchent automatiquement et extrêmement rapidement une activation du système nerveux sympathique qui amène, via la synthèse de neurotransmetteurs spécifiques (adrénaline, noradrénaline, cortisol), des réponses archaïques adaptées à la présence d’un danger qui dure dans le temps : la fuite (se mettre à l’abri), puis, la lutte (combattre, poser des limites), et enfin, le figement tendu (comme le lapin dans les phares de la voiture, prêt à bondir). Si le danger persiste encore dans le temps et que la personne ne peut utiliser ses hormones de stress produisent massivement, cette énorme charge énergétique devient toxique pour le corps. Pour protéger le coeur, le cerveau, les vaisseaux de ce survoltage émotionnel qui constitue à ce stade un risque vital, le cerveau fait intervenir des mécanismes neurobiologiques de sauvegarde exceptionnels qui déconnectent le circuit de réponse au stress du reste du cerveau. Il disjoncte, au sens propre, en mettant en place un court-circuit qui a pour effet d'isoler l'amygdale qui envoie le signal de danger en continu (l’amygdale est enkystée) : il coupe des liaisons neuronales entre le thalamus et l’amygdale et les lobes préfrontaux. C’est le système nerveux vagal dorsal qui prend le relais, instaurant une réponse de déconnexion (mort feinte). La personne est dissociée. Son corps est alors empli d’hormones anesthésiantes (endorphines), tel la souris dans la gueule du chat, il se prépare à mourir (figement mou). Les phénomènes de déréalisation et de dépersonnalisation arrivent à ce moment-là. Dans certaines situations (de type agression ou violence), les deux premières étapes sont extrêmement rapides, presque instantanées, parce que c’est le mode du figement mou qui sera le plus approprié pour la survie.
A chacune de ses étapes, le système nerveux est sorti du mode vagal ventral régulé, ce qui signifie que le système nerveux de la personne est dysrégulé, elle est en dehors de sa fenêtre de tolérance (ou encore « fenêtre de capacité » ou « fenêtre d’intégration ») et n’est plus en capacité d’intégrer ce qu’elle est en train de vivre. L’évènement n’est pas intégrable, il est traumatique.
La première réaction spontanée d’une personne confrontée à un danger est de demander de l’aide. Cette étape d’engagement social (échange de regard, communication, cri, pleur, appel à l’aide, demande de partage) est soutenue par l’activation du système nerveux vagal ventral. A ce niveau, la personne se situe dans la fenêtre de tolérance ou juste en-dehors. Avec l’aide qui survient et lui permet de répondre efficacement au danger, le système nerveux de la personne se régule complètement : c’est la co-régulation. En revanche si aucune communication ni aide ne vient ou n’est accessible, alors s’enclenchent automatiquement et extrêmement rapidement une activation du système nerveux sympathique qui amène, via la synthèse de neurotransmetteurs spécifiques (adrénaline, noradrénaline, cortisol), des réponses archaïques adaptées à la présence d’un danger qui dure dans le temps : la fuite (se mettre à l’abri), puis, la lutte (combattre, poser des limites), et enfin, le figement tendu (comme le lapin dans les phares de la voiture, prêt à bondir). Si le danger persiste encore dans le temps et que la personne ne peut utiliser ses hormones de stress produisent massivement, cette énorme charge énergétique devient toxique pour le corps. Pour protéger le coeur, le cerveau, les vaisseaux de ce survoltage émotionnel qui constitue à ce stade un risque vital, le cerveau fait intervenir des mécanismes neurobiologiques de sauvegarde exceptionnels qui déconnectent le circuit de réponse au stress du reste du cerveau. Il disjoncte, au sens propre, en mettant en place un court-circuit qui a pour effet d'isoler l'amygdale qui envoie le signal de danger en continu (l’amygdale est enkystée) : il coupe des liaisons neuronales entre le thalamus et l’amygdale et les lobes préfrontaux. C’est le système nerveux vagal dorsal qui prend le relais, instaurant une réponse de déconnexion (mort feinte). La personne est dissociée. Son corps est alors empli d’hormones anesthésiantes (endorphines), tel la souris dans la gueule du chat, il se prépare à mourir (figement mou). Les phénomènes de déréalisation et de dépersonnalisation arrivent à ce moment-là. Dans certaines situations (de type agression ou violence), les deux premières étapes sont extrêmement rapides, presque instantanées, parce que c’est le mode du figement mou qui sera le plus approprié pour la survie.
A chacune de ses étapes, le système nerveux est sorti du mode vagal ventral régulé, ce qui signifie que le système nerveux de la personne est dysrégulé, elle est en dehors de sa fenêtre de tolérance (ou encore « fenêtre de capacité » ou « fenêtre d’intégration ») et n’est plus en capacité d’intégrer ce qu’elle est en train de vivre. L’évènement n’est pas intégrable, il est traumatique.
« La peur a le pouvoir d’engendrer images et réalités. Dans l’univers d’épouvante dans lequel nous vivons, tout tient par la peur. » Christiane Singer
Christiane Singer

Trauma, isolement et attachement
Je l'ai dit précédemment, le premier réflexe, universel et systématique, de toute personne confrontée à un danger est de demander de l’aide. Si l’aide arrive et est efficace, le système nerveux se régule, la personne peut continuer sa route, en intégrant l’épisode à son histoire autobiographique consciente (elle s'en rappellera). Il n’y a pas de trauma.
Si aucune aide ne vient ou n’est capable d'empêcher ce danger de se poursuivre dans le temps, la personne sort de sa fenêtre de tolérance, l’évènement n’est pas intégrable, il engendre un trauma.
Un trauma n’arrive donc pas si une aide survient. Un trauma indique obligatoirement un sentiment de solitude, quand bien même la victime n’est pas la seule victime. Plus tard, cette personne survivante de traumatisme ne développe pas forcément de repli sur soi et de mise à l’écart des relations, mais reste tout de même, intérieurement, bloquée dans un incommunicable, un esseulement qui impactera négativement sa vie d’une façon ou d’une autre. C’est pourquoi, et ce particulièrement lorsque l’évènement traumatique a lieu tôt dans le développement, le trauma impacte notre système d’attachement. Cependant le travail sur l’attachement ne constitue pas la première étape d’une démarche d’accompagnement du traumatisme (cf page Accompagnement thérapeutique).
Si aucune aide ne vient ou n’est capable d'empêcher ce danger de se poursuivre dans le temps, la personne sort de sa fenêtre de tolérance, l’évènement n’est pas intégrable, il engendre un trauma.
Un trauma n’arrive donc pas si une aide survient. Un trauma indique obligatoirement un sentiment de solitude, quand bien même la victime n’est pas la seule victime. Plus tard, cette personne survivante de traumatisme ne développe pas forcément de repli sur soi et de mise à l’écart des relations, mais reste tout de même, intérieurement, bloquée dans un incommunicable, un esseulement qui impactera négativement sa vie d’une façon ou d’une autre. C’est pourquoi, et ce particulièrement lorsque l’évènement traumatique a lieu tôt dans le développement, le trauma impacte notre système d’attachement. Cependant le travail sur l’attachement ne constitue pas la première étape d’une démarche d’accompagnement du traumatisme (cf page Accompagnement thérapeutique).
« Ce qui est blessé en nous demande asile aux plus petites choses de la terre et le trouve. » Christian Bobin
